EXTRAIT DE "LA ROSE ET L'ORTIE"
Mon amour, ma chérie…
Mon amour, mon si bel amour,
On est là , comme deux idiots,
Négligeant la beauté du jour,
Attendant qu’il neige à Rio…
Mon amour, mon si bel amour,
On devrait se prendre la main,
Un petit verre, un petit tour,
Rêver, sans penser à demain…
Ma chérie, mon cœur adoré,
Aimons-nous fort, profitons-en.
Chaque seconde est un été.
Hiver est loin, profitons-en.
Embrassons-nous ! embrassons-les !
Rions ! jouons ! vivons ! aimons !
Inventons notre monde à nous !
Explorons la vie et la joie !
​
La jeunesse
Ça vit, ça chante et ça dit que ça veut,
Ça vous enchante et ça ferme les yeux,
Ça fait des bonds… ça fait des bonds partout,
Ça tourne en rond dans un monde de fous.
Ça fait d’un rien un univers entier,
Ça fait rêver, ça fait rire et pleurer,
Ça vous prend tout mais ça ne comprend rien,
Ça donne au soir la beauté du matin.
Ça fait des vœux sans aucune limite,
Ça a la force mais un rien l’irrite,
Ça ne tient pas plus de quelques années.
Pour qui la vit, c’est une éternité.
Ça goûte à tout et ça fait des bisous,
Quand ça s’en va, soudain, ça vous rend fou.
Ça vaut de l’or… plus que tout l’or du monde.
Ça fond comme un glaçon et vous inonde
De doux regrets, de moments oubliés,
Folles envies, rêves inachevés.
On ne la voit que lorsqu’elle s’en va.
Elle était là … on ne le savait pas
Et puis soudain, ça réclame vos bras,
Ça dit maman, comme on disait papa.
Ça vous rappelle que le tour est joué.
Un coup de dé, les années ont passé.
​
Le passé
Sac au dos, le vieil homme
Voit ses doux souvenirs.
Il s’assoit le vieillard
Sur une terre noire.
Il ne fait que penser,
À tout ce qu’il était.
Vêtu de haillons blancs
Qui flottent dans le vent,
Barbe blanche, et les yeux
Qui regardent les cieux.
Assis, là -bas, il pense,
Et ses blancs cheveux dansent
Au rythme des folies
D’un délicieux oubli.
Seconde après seconde,
Il quitte notre monde.
En l’horloge qu’il tient
Dans le creux de sa main,
Les aiguilles sont sages
Et restent à la page
Que jamais plus ne lit
Le vieil homme endormi.
Assis, là , sans mot dire,
Il garde en son empire
D’une route un pavé,
D’une vie un passé.
Devant lui, un vieil homme
Le regarde mourir.
​
Le présent
Dans son dos, un vieil homme
Le regarde partir.
Il marche le vieillard
Dans ses sandales noires.
Il ne fait que passer,
Comme un souffle léger.
Vêtu d’un habit blanc
Qui brille dans le vent,
Une barbe de feu,
L’horizon dans les yeux,
Pas à pas, il avance,
Et ses longs cheveux dansent
Au rythme des folies
D’une brise jolie.
Seconde après seconde,
Il danse dans la ronde
En l’horloge qu’il tient
Dans le creux de sa main.
Il croise des visages
Qui, eux, le dévisagent
Et des vies qui supplient,
Mais le vieil homme suit
Son chemin sans faiblir,
Et sans jamais mourir.
Car sa route est pavée
De tout ce que l’on est.
Devant lui, un vieil homme
Le regarde venir.
​
Le futur
Dans son dos, le vieil homme
Voit son bel avenir.
Il attend le vieillard,
Les doigts pleins d’encre noire,
Une plume pointée
Vers un bout de papier.
Tout nu, comme un enfant,
Frissonnant dans le vent,
Et le teint délicieux
De l’être à naître heureux.
Il attend, en silence,
Que la vie le devance,
Et gonfle de folies
Mille gouttes de pluie.
Seconde après seconde,
Il observe la ronde
En l’horloge qu’il tient,
Fort, au creux de sa main.
Il attend que l’orage
Emporte les images
Et qu’il amène en lui
Les germes de la vie.
Mais jamais ses désirs
Ne viennent à venir
Car, et ça, il le sait,
Il sera, mais il n’est.
Devant lui, le vieil homme
Voit son heure venir.