EXTRAIT DE "ET SOUDAIN, LA COULEUR..."
Invincible
Et j'ai pris de plein fouet vos poignards et vos flèches
Car j'ai rempli mes yeux de tous vos jugements.
Acceptant la blessure et rallumant la mèche,
J'ai pris pour moi le feu, et les mots, et le sang.
J'ai passé des accords qui n'étaient pas les miens.
Je me suis jugé, tant victime que coupable,
Adoptant des postures de combat, en vain,
Car sans présence aucune, on n'est pas écoutable.
Alors, seul, au milieu d'une foule invisible,
Faisant mienne la peur que vous aviez de moi,
J'ai supposé le pire et hurlé l'indicible.
Mon armure d'épine m'éloignait de toi.
Puis j'ai posé ces armes d'un piètre secours,
Délaissé les rancœurs et fuit l'inaccessible,
Puis, je me suis paré d'un bouclier d'amour.
Depuis, je n'ai plus peur et je suis invincible.
Peu à peu, le volcan est devenu montagne.
Peu à peu, la montagne est devenue colline.
J'y ai planté l'ortie, en la verte campagne
Et j'y cueille aujourd'hui des bouquets d'aubépine.
Désormais, je savoure la douce caresse
D'une bouffée d'air frais, le murmure de l'eau,
La vie qui coule en moi, la joie, l'intense ivresse
D'un baiser sur ma joue, de ta main sur ma peau.
Désormais, je parcours les chemins de la vie,
Comme coule le ru, comme coule le temps.
Je suis souffle de vent. Je suis goutte de pluie
Et je marche serein, amoureux, souriant,
Car j'ai posé ces armes d'un piètre secours,
Délaissé les rancœurs et fuit l'inaccessible,
Puis, je me suis paré d'un bouclier d'amour.
Depuis, je n'ai plus peur et je suis invincible.