EXTRAIT DE "MES 10 ANS"
Les beaux capitaines
Regardez-les, tous ces beaux capitaines,
La fleur au fusil et le sourire aux lèvres.
Ils ont quitté, fièrement, les casernes,
Pour chasser les ennemis comme des lièvres.
Les uniformes brillant au soleil
De mille feux, qu’ils sont beaux, les soldats.
Les yeux grand ouverts et la larme à l’œil,
Regarde-les, ils sont partis pour toi.
Ils ont tiré, tous ces beaux capitaines,
De tous les pays et de tous les combats.
Et le métal a volé dans la plaine,
Déchirant les chairs et arrachant les bras.
Les uniformes maculés de sang,
Victimes du feu, sont morts les soldats.
Les yeux fermés et des membres manquants.
Tu peux pleurer, ils ne reviendront pas.
Les corps plombés de ces beaux capitaines
Ne m’incitent pas à rejoindre vos rangs.
J’ai dans mon esprit, déjà , tant de haine,
Je vous laisse l’art de tuer des enfants.
Je finirais par me haïr moi-même
Si mon fusil avait craché la mort.
Non, je ne prendrai la vie, car je l’aime.
Je ne pourrais affronter les remords.
Ils finiront, tous ces beaux capitaines,
Par me lier les mains derrière le dos.
L’issue de mon combat est bien certaine,
Je finirai douze balles dans la peau.
J’en ai assez de courir en tous sens.
Mes pauvres jambes ne me portent plus.
Visez au cœur ! j’ai honte de toi, France.
Allez ! tirez ! que l’on n’en parle plus.
​
Ta main
Moi, j’aimerais rester
Toute la nuit, demain,
Après demain, pour vingt,
Trente ou quarante années
Dans le creux de ta main,
Ta peau contre ma peau,
Tout ça sans dire un mot,
Et qu’il n’y ait de fin
À ces moments intenses,
Ces précieuses secondes.
Que notre amour inonde.
Cette vallée immense,
Océan de silence,
Qu’est notre amour commun
Et qu’il n’y ait de fin,
Et que l’on recommence.
​
Prison
J’ai fait un rêve étrange.
Il y avait le vide
Dans ma tête cassée.
J’ai fait un rêve étrange.
Dans mon regard livide,
Une histoire à conter.
Dans une pièce noire,
Sans musique, et sans bruit,
Était un moribond,
Seul, au milieu du sang.
Dans cette pièce noire,
Est entré sans un bruit
Le soleil, un rayon
De lumière. Et le vent
À soufflé, balayant
Ennui, noires idées.
Les larmes sur sa joue
Ont désormais séché.
Il a souri, je crois,
Et regardé partout,
Le moindre coin, et là ,
Sur l’un des murs de sang,
Il vit un ange qui le regardait
Avec des yeux d’une telle tendresse,
D’une couleur si belle et si intense,
Qu’il croyait avoir appris à rêver.
Et la lumière entra.
L’ange et le moribond
Firent chacun un pas
Hors de cette prison.
« j’aime un ange », dit-il,
« je n’en crois pas mes yeux ».
« est-ce vrai ? », se dit-il,
« nous allons vivre à deux… »
J’ai fait un rêve étrange.
Il y avait le vide
Dans ma tête cassée.
J’ai fait un rêve étrange.
Dans mon regard, le vide.
Je me suis réveillé.